Note : veuillez remplir les champs marqués d'un *.

Damien Girard

Président de l’association de défense de

l’environnement de Pontfaverger-M

et de sa région

 

 

 

 

Objet : enquête public sur la modification

du captage d’alimentation en eau potable

de Pontfaverger-Moronvilliers

 

 

 

Vendredi 7 mars 2014

 

En tant que président de l’association de défense de l’environnement de Pontfaverger-M et de sa région (ADEPR), je souhaite vous apporter les informations suivantes pour vous aider dans votre décision à propos du captage d’alimentation en eau potable.

Je sais que les propos sont préoccupants, graves, alarmants mais les élus, que vous êtes, sont responsables de la santé des citoyens. Depuis des années, l’association (ADEPR) vous informe sur des sites potentiellement pollués mais vous doutez souvent de ses sources. A vous de savoir si, oui ou non, vous voulez en connaitre davantage, ou si vous fermez les yeux au faits de ces documents officiels, mais maintenant, cela sera acté dans cette enquête public.

A la lecture du dossier, des questions sont à ce jour sans réponse.

Comment le bureau d’étude en aménagement et environnement (Adequat environnement) peut faire un rapport complet sur une telle complexité sans en connaitre toutes les informations ?

A-t-il été informé des enfouissements illégaux de déchets ménagés/hospitaliers/industriels soit environ 1500 T (voir dossier Dréal et enquête gendarmerie sur le dossier SMT/Amelot) ?

Comment les citoyens peuvent accepter que notre captage actuel soit situé à 250 mètres du point d’eau de remplissage des cuves de produits phytosanitaires (risque de débordement, rinçage des cuves, bidon renversé, incidents divers …) ?

Comment les citoyens peuvent accepter des contraintes sur leurs terrains alors que le puits de captage est situé sur la noue des vins, rivière souterraine qui prend sa source (noue des maréchaux) dans le centre d’expérimentation nucléaire ?

Comment faire des perspectives sur plusieurs années, voir des décennies, alors que le CEA n’a accepté de donner qu’une année (2005) de suivi radiologique et chimique ? Les autres années sont-elles si catastrophiques que le CEA refuse de les publier ?

Dans combien d’année, le puits de captage ne sera plus conforme en sachant qu’au droit du site d’expérimentation nucléaire (chiffre CEA annexe 8) le taux a augmenté de 3000 % et qu’il ne reste plus que 300 % pour atteindre la valeur guide fixée par l’OMS (en 2006) en sachant que la décroissance de l’uranium se compte en milliers d’années ?

Comment pouvez vous expliquer, dans le dossier N°24/AE11/33 page 10 « Au contraire, la valeur la plus élevée a été mesurée au captage de Pontfaverger-M » ? Y aurait-il des matières radioactives enfouies entre les points de prélèvements P3 et P4 pour justifier ces analyses ? Ou le dossier ne permet pas à ce jour de l’expliquer ?

Comment allez vous prendre une décision lourde de conséquence sanitaire si le diagnostique n’est pas complet ?

 

Pour vous apporter des éléments complémentaires, je vous propose ces documents officiels.

 

Le PNGMDR (Plan National de Gestion des Matières et des Déchets Radioactifs) 2013/2015 fait à la demande du ministère de l’environnement de développement durable et de l’énergie par l’ASN (Autorité de la Sureté Nucléaire) 

Extrait du document, Page 50

« Les puits d’expérimentations du Polygone d'expérimentation de Moronvilliers (PEM)

Il existe une centaine de puits contenant les résidus des expérimentations qui y ont été menées. Ces puits ont été combles et obtures. Dans le cadre du recensement des sites et sols pollues, le CEA a déclaré le site du PEM dans la base de donnés BASOL en mai 1997. L’ensemble du site, y compris la centaine de puits, (qui ne sont pas plus localisables aujourd’hui) fait l’objet d’une surveillance environnementale renforcée dont les résultats sont régulièrement transmis par l’ASND au Préfet. Enfin, la cartographie radiométrique du site réalisée par HELINUC a permis de confirmer la maitrise du référentiel radiologique de ce site ».

Sur le site officiel de l’ANDRA (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs)

Vous pouvez connaitre les tonnages extraits des « résidus d’expériences menées sur une partie du camp militaire de Moronvilliers et provenant des activités de recherche en détonique de la Direction des Applications Militaires. L’uranium utilisé est sous forme appauvrie en isotope 235 » .

En 2002 : 100 tonnes + 800 m3.

En 2004 : 1350 m3 + 300 tonnes. voir page 94

En 2007 : 1100 tonnes. voir page 106

En 2010 : 770 m3 voir page 134

Encore une fois, certaines années ne sont pas communiquées !!! Et pendant des décennies, le CEA-DAM (Commissariat à l’Energie Atomique- Direction des Affaires Militaires) a fait croire aux élus, à des simulations sur la recherche nucléaire sur ce site, alors que des centaines de tonnes de déchets radioactifs sont extraits de ce site !!!

Et combien de tonnes d’uranium ont été pulvérisées dans l’air lors des explosions pour arriver, pour certains, dans les champs (journal L’union juillet 1983) ?

 

Dans le livre « Si Vaujours m’était conté » réalisé par le CEA-DAM en 1998, il est écrit à la page 140 « la fosse froide, avec son poste de tir se trouve dotée de trois dalles (…). La plus éloignée peut accepter une tonne d’explosif, placée à 4 m de hauteur. C’est sur cette troisième dalle que sera testé, de décembre 1959, le demi-implosoir du premier tir nucléaire français (…) ici de l’uranium »

Comment s’inquiéter du puits de captage du PEM (Polygone d’expérimentation de Moronvilliers), en page 194 (qui n’est pas référencé par le BRGM) réalisé en 1958, foré à -179 m dans les nappes phréatiques profondes, qui vont des Vosges au bassin parisien ? En effet à quelques centaines de mètres (zone I) et dans la noue des maréchaux, sont enfouies les déchets de tous genres, radioactif, chimique, pyrotechnique, médicaux …

 

Avez-vous eu connaissance des documents du CEV (Centre d’Etude de Vaujours) procès verbal du CHS (comité d’hygiène et sécurité) du 25/11/1976 page 5 et 6 et du 12/08/1976 page 3 relatant l’expérience du 8 novembre 1976 qui a consisté à pulvériser une eau fortement radioactive pour confirmer « l’existence d’un rapport constant entre la contamination atmosphérique et celle qui est fixé par les plantes lors d’une émission tritiée» ? Cet acte volontaire pour étudier les plantes, est un empoisonnement vis-à-vis de la population riveraine.

 

Dans le rapport CEA-R-5939, direction des sciences du vivant, titre : Biocinétique et toxicité de l’uranium, les 9 microgrammes analysés dans la nappe phréatique au droit du centre d’éxpérience nucléaire de Moronvilliers semblent inquiétants « La toxicité chimique de l’uranium domine largement sa toxicité radiologique. Avec une concentration limite provisoire dans l’eau de boisson de 2 microgrammes/ litre, l’OMS (organisation mondiale de la santé) classe l’uranium parmi les éléments chimiques les plus toxiques, par comparaison la limite en mercure dans l’eau de boisson étant de 1 microgramme par litre »

 

 

Je ne vous parlerai pas des enquêtes sanitaires qui n’ont jamais eu lieu sur la population riveraine, de la pollution de la Vesle au PCB alors qu’il n’y a pas d’entreprise sur ses rives sauf le PEM qui utilisait des quantités énormes d’huile pour refroidir les transformateurs et condensateurs, de l’incendie (1981) du GREC (Générateur de radiographie éclair) qui a peut-être répandu de la dioxine dans l’air et dans l’eau…

 

La protection du captage d’eau potable de Pontfaverger-Moronvilliers ne peut être étudiée sans l’amont de la noue des vins.

Le versant est gigantesque, la circulation des eaux complexe, le nombre de polluants radioactifs et chimiques à rechercher n’est pas encore défini (béryllium, uranium, tritium, métaux lourds, pcb etc..) .

C’est pourquoi il me semble qu’il serait pertinent de monter une opération comme ce qui fut fait pour le site CEA-DAM de Vaujours en région parisienne. C’était un centre identique du PEM (Moronvilliers). A l’époque le site était censé être assaini. Suite au combat des associations locales, le CEA et la préfecture ont été obligés de constituer un comité de pilotage pour faire refaire un bilan radiologique et chimique plus complet. Ce comité a dû participer à la définition du contenu des expertises que le CEA allait faire refaire par ses propres experts. Dans ce comité, la CRIIRAD (Commission de recherche et d'information indépendantes) sur la radioactivité était l’ « expert » des associations locales de protection de l’environnement. Dans ce cadre une petite partie seulement des analyses avaient été réalisées par le laboratoire de la CRIIRAD afin de rester en « vigilance » par rapport à l’expertise officielle et à limiter les budgets. A ce jour, le site n’est toujours pas dépollué et fait régulièrement la une des média, (voir document joint).

Le mieux serait de constituer un tel comité de pilotage jusqu’au suivi total de la dépollution.

La première étape pour la CRIIRAD serait de disposer des documents du CEA-DAM portant sur la nature des activités effectuées sur le site de Moronvilliers, la nature des substances manipulées , la nature et les résultats de l’ensemble des contrôles radiologiques et chimiques effectués, la cartographie radiométrique du site réalisée par HELINUC, etc. Il faudrait réaliser une analyse critique de ces données , mettre en place des réunions de travail avec les anciens techniciens et sous traitants de la décontamination du site pour approfondir certains aspects et conduire une visite préliminaire du site sur les 500 hectares.

En espérant que l’association ADEPR ait contribué à l’amélioration de la sécurité sanitaire de la population, je vous prie d’agréé, mesdames et messieurs, mes salutations distinguées.

 

Le président de l’association de défense de

l’environnement de Pontfaverger-M

et de sa région Damien Girard